[Requête] Inconnus et Bois

Ayant comprit que l'humaine filait dans la forêt pour autre chose qu'une stupide tentative de fuite, et malgré le mauvais état de son corps de bois, le leshen se tourna en direction de la forêt quand son adversaire disparu dans la pénombre des troncs. Suivant les bruits de ses pas, son odeur humaine et sa présence, le monstre se mouvait avec facilité entre les arbres, sans lâcher sa proie.
Toute son attention était fixé sur elle, et dès qu'il le pourrait, il allait lui faire regretter de s'être attaqué à son domaine, à son corps, qu'il avait mit du temps à construire et à protéger. Il ne sentait, elle filait dans sa forêt, mais allait sûrement finir par s'arrêter lorsqu'elle aurait trouvé ce qu'elle cherchait. C'était à ce moment qu'il comptait l'attaquer, après tout, il était dans son élément maintenant, dans le noir et la sécurité des arbres, du bois dont il était lui-même formé.
Le leshen suivait l'humaine, jusqu'à ce qu'elle finisse par se stopper. Il le savait, elle comptait détruire le totem, mais il n'allait pas la laisser faire aussi facilement, maintenant qu'il était sur son terrain de prédilection. Elle était de dos, se préparant à détruite son précieux totem, alors il ne réfléchit pas, et s'élança en avant tel un fauve enragé, mordant férocement dans sa chair rouge, faisant basculer sa proie au sol. La riposte ne se fit pas attendre, et lâcha prise en sentant les chocs puissants et répétés contre le bois de son corps déjà affaibli.
Le monstre se redressa, faisant face à l'humaine, attentif à ses réaction, n'allant pas hésiter à attaquer une nouvelle fois si elle faisait mine d'essayer de s'en prendre à son totem.

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'Monstre commun' :
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[Leshen : inflige - 50 Pv]

Elle n'avait aucune idée de combien de totem restait-il, ni même où elle était exactement. La capitaine se demandait aussi comment ça se passait, du côté de sa camarade, elle espérait qu'elle n'avait rien. Il s'agissait de son côté « maman » qui remontait un peu : avec les individus à son service elle était pareille. Malgré son visage impassible elle était souvent inquiète pour eux, demander des rapports qui lui permettaient de glaner quelques petites informations sur la santé des soldats. Aska n'en était pas à s'en faire un sang d'encre non plus, mais il était vrai qu'elle aimait bien que toute son équipe soit en forme, sans égratignures ou cicatrices. Après tout, en tant que capitaine elle servait la population, elle s'occupait de leur sécurité mais il fallait aussi se souvenir que les soldats faisaient partis de la population et des habitants de Cylnaes, elle en avait la responsabilité. Au moindre faux pas la faute lui retombait dessus. C'était des choses qui s'apprenaient dans le cursus qu'elle avait suivi mais aussi des convictions propres à la capitaine. Elle avait grimpé les échelons pour servir la cause humanitaire par ce biais là.

Se concentrant de nouveau sur la chasse, Aska chercha surtout à se retrouver, à se repérer car elle se rendit compte qu'elle était... Légèrement perdue ? On disait souvent que les femmes possédaient une orientation moindre que les hommes, la capitaine savait assez se repérer, mais avec un plan, ou par certaines orientations de certains objets, de place, en réalité elle savait majoritairement se repérer en ville, ou bien avec une vision pratiquement satellite -pratiquement puisque cela correspondait à la vision « globale » qu'elle pouvait avoir en étant sur Torn-. Mais... au cœur d'une forêt, en pleine nuit, il fallait qu'elle avoue être un peu démunie. Il leur arrivait de temps à autre de faire des exercices en campagne, en forêt, dans des situations parfois étranges, parfois extrêmes, mais ils n'étaient pas si régulier pour que Aska s'en rappelle toujours entièrement.
Dans les faits, elle pouvait à peu près se repérer, mais avec le flan qui la poursuivait toujours, elle avait surtout foncé tête baissée sans réfléchir à la boussole interne. Enfin, il n'allait pas lui falloir longtemps pour s'y retrouver, juste regarder les alentours, examiner, analyser. Il lui fallait un peu de temps. Sûrement.
Plus calmement, elle reprit la marche, un peu comme une balade, sans précipitation, elle cherchait les totems, mais plus encore dorénavant, elle cherchait William, la chasseuse. Il fallait bien qu'elles se rejoignent à un moment ou à un autre après tout.

Toutefois le sifflement si distinctif à celui d'un humain se fit entendre et nul doute quant au fait qu'il s'agissait bien de William. Par conséquent et puisque sa boussole interne réindiquait bien le nord, Aska se mit en route afin de retrouver sa compagne. Après tout, elle était capitaine, même perdue dans les bois elle savait où elle était !

Cette humaine en avait après son totem, il le savait. Le leshen savait que si son dernier totem tombait, c'en était terminé de lui, le sortilège qui maintenait sa forme serait détruit, son corps et son esprit disparaîtraient complètement, il n'en resteraient quasiment aucune trace. Même s'il était plus une entité qu'un véritable être « vivant », le concept de la mort définitive le terrorisait. Ces monstres à la peau sans fourrure et aux armes tranchantes avaient osé pénétrer le domaine qu'il protégeait, les arbres sur lesquels il veillait et que ces humains avaient abattu avec leurs machines de métal, ils avaient osé tuer et blesser sa meute, celle-là même qu'il avait vu grandir. Il était là avant eux, et maintenant, ces humains voulaient l'en chasser et s'approprier la forêt qui lui avait donné naissance, il y a longtemps de cela. Alors même si cela lui coûterait, le leshen était prêt à mettre ces dernières forces dans cette bataille. Malgré le mauvais état de son corps, la créature de bois se jeta en avant, les racines des troncs autour s'arrachèrent du sol avec un boucan de craquement ressemblant à des os se brisant, et s'abattirent sur l'humaine.
Malheureusement, le mauvais état de son corps ne lui permit par de réaliser son projet aussi bien qu'il l'aurait espéré. Trop faible maintenant que la majorité de ces totems n'étaient plus là pour soutenir son existence, le leshen ne put forcer plus longtemps les racines à obéir à sa volonté, et ces dernière ne purent pas aller au bout de leur attaque.

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'Monstre commun' :
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William toisait le monstre en face d'elle, son regard passant de la tête squelettique au totem. Il n'était qu'à quelques mètres, à côté du gros rocher. D'un seul bond, elle pourrait aller l'attaquer, le détruire, et terminer tout cela. Ou alors, elle pourrait parfaitement le canarder en vidant le reste de son chargeur. Mais pour tout cela, il allait falloir qu'elle se retourne, qu'elle présente son dos à l'adversaire, et il n'y avait pas besoin d'être un expert pour comprendre la dangerosité d'un mouvement pareil. En particulier dans cette situation.
Durant les quelques secondes de silence, le chasseuse examinait rapidement ses possibilités. La zone ou elle était n'était pas bien éclairée, seulement de rares rayons arrivaient avec peine à passer à travers les feuillages des arbres, découpant des petits tâches de lumière lunaire sur le sol et les troncs. En forçant sur sa magie, William arrivait plus ou moins à affiner sa perception nocturne, mais ce n'était pas cela qui l'a gênait. C'était surtout le fait que les crocs du leshen s'étaient enfoncés plus profondément qu'elle avait mesuré sur le moment. Ils avaient percé la veste, le tissu était gorgé de sang, dont le trop-plein ruisselait le long de son bras droit, et vu les légers craquement qu'elle entendait lorsqu'elle tentait de bouger le bras, l'os de la clavicule était manifestement fêlé. Mais pas question de se mettre à forcer son corps à réparer tout ça, non seulement il lui fallait quelques minutes pour se concentrer, mais en plus, elle n'utilisait ça qu'en dernier, vraiment dernier recourt, quand la plaie était mortelle. Ici, comme la mâchoire avait mordu à la fois dans son omoplate et sa clavicule, ça allait être difficile à soigner surtout les blessures derrière l'épaule, mais elle avait déjà connu pire. Il fallait absolument rester concentré pour éviter que le corps et l'esprit ne passent en état de choc, chose qui accentuerait les tremblements et brouillerait sa vision déjà peu étendue à cause du noir ambiant.

Malgré le bruit de sa respiration lourde et la douleur lancinante, elle écouta son environnement avec attention. La chasseuse attendit sans bouger dans l'espoir de voir arriver Aska, elle aurait bien besoin de soutient dans cette situation. Mais peut-être était-elle trop loin pour pouvoir arriver dès maintenant. La jeune femme avait déjà dû se débarrasser de leshen, mais ce n'était pas une proie qu'elle appréciait spécialement traquer, c'était trop proche d'une entité magique, le bois n'était pas quelque chose qu'elle pouvait trancher aussi facilement que la chair, et surtout, lorsqu'il animal était blessé, il perdait du sang, s’affaiblissait, était sensible aux poisons et aux toxines paralysantes. Ses mères lui avaient souvent répété « ne baisse jamais ta garde, même contre le plus petit des monstres. C'est souvent à cause des monstres que l'on sous-estime que les rôles s'inversent ».
Lentement, William tenta de reculer de plusieurs pas. Dans tout les cas, cela ne servirait à rien de continuer à attaquer le leshen de front. Si elle réussissait à détruire ce foutu totem, tout était enfin terminé. Ce fut le monstre qui bougea en premier, il semblait vouloir attaquer coûte que coûte. Les racines se mouvèrent avec un concert de craquement, menaçantes. Réagissant directement, la chasseuse tenta le tout pour le tout en faisant volt-face, et d'un mouvement du bras, tira plusieurs fois en direction du totem, les bruits assourdissants du pistolame résonnant dans le calme nocturne de la forêt.

Les balles choquèrent violemment contre le totem, presque à bout portant, en faisant exploser plusieurs morceaux. Craignant de recevoir une riposte de la part du monstre, William se se décala rapidement pour tenter une esquive si quelque chose arrivait, mais... rien. Le leshen semblait bien trop en mauvais état pour réussir à frapper, et les racines qu'il manipulaient finirent par ralentir, puis s'arrêter, et finalement retomber sur le sol, dans les sillons de la terre, à l'endroit où elles étaient avant. Profitant de cette occasion, la chasseuse se précipita sur le dernier totem, envoyant toute sa force dans son bras, pour arracher le pieux de bois et le crâne de loup qui s'y trouvaient. Le totem s'effondra à terre, ce qui produisit des sons étranges, comme si de l'électricité passait dans le sol. Au même instant, le monstre de bois s'immobilisa complètement. Puis, comme frappé par la foudre, il tomba à terre, inanimé, n'étant plus qu'un tas de branches mortes. Les branchages qui le composait commencèrent à tomber lentement en poussière, mais le crâne, lui restait intacte.

Après un long soupir, la chasseuse appuya son dos contre le rocher, et se laissa glisser par terre, s'asseyant en tailleur et laissant une trace de sang sur la roche. Enfin, c'était terminé. Et elle pensait déjà à la récompense... ou presque. Il fallait d'abord qu'elle réussisse à arrêter le sang qui coulait. Une main sur son épaule droite, elle regarda un peu l'aspect. Elle n'arrivait pas à bouger son bras, dont le liquide rouge avait coulé jusqu'à la paume de sa main, et grimaça en constatent que, malgré le fait que son épaule n'était pas couverte par la veste blanche, des fibres du vêtement s'était enfoncés dans la chair en même temps que les crocs. Dommage que le monstre n'ait pas visé sur l'épaule gauche, ici la petite pièce de métal runifiée aurait un peu plus protégé.

(pour savoir si Will réussit à détruire le totem).

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'Humain - attaque' :
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Le pressentiment que tout était terminé envahit la capitaine comme un fort et puissant soulagement qui lui tira un soupir alors qu'elle terminait sa course par de petites foulées, plus agréables alors qu'elle cherchait sa compagne du soir. Elle n'était pas une bonne pisteuse, mais elle avait tout de même quelques notions, des recherches puis la forêt ne s'étalait pas non plus sur des kilomètres et des kilomètres. Enfin si, mais ça pouvait aller.
Un vent nouveau, frais, soulevait les feuilles des arbres, comme si la forêt elle même était heureuse que l'entité s'en fut allé. Bien qu'elle protégeait aussi les bois, les monstres empoisonnaient les autres bêtes, les animaux. Surtout les entités magiques, qui avaient cette tendance à perturber les flux magiques, mais sur une île bercée par la magie, des perturbations pouvaient autant engendrer des problèmes chez les Hommes, les bêtes mais aussi dans les plantes. Ainsi la forêt elle-même semblait soulagée.
Il n'en fallu pas plus à la capitaine pour comprendre que sa coéquipière avait achevé le travail, et par conséquent que le leshen était bel et bien mort puisque son dernier totem avait été détruit. Le seul objectif restant à la chef de la caserne de Cylnaes était de retrouver William et de s'occuper de vérifier que tout allait bien. Ainsi que de toucher la paye. Elle avait beau adorer aider les gens, cela faisait après tout parti de son métier, elle faisait aussi respecter les engagements après tout. Elle aussi elle avait besoin de vivre !

Sur son visage un sourire était de nouveau apparu, laissant place à la capitaine que tout le monde connaissait, la calme, aimable et appréciable capitaine qui affichait toujours un sourire. Ce n'était pas réellement une façade, un mur qui pouvait cacher quelque chose de triste, de sombre. Bien au contraire, Aska était réellement épanouie dans sa vie, dans son métier qu'elle adorait, elle était toujours contente de se lever le matin, mais aussi d'aller s'occuper des dragons, et même si ce n'était jamais très engageant, elle restait contente de s'occuper des plaques de Torn malgré l'apparence peu agréable, même si le mot était faible. C'était un air sincère qui faisait rayonner le visage de la capitaine.
Au bout de plusieurs minutes, la jeune femme retrouva sa comparse de la nuit, le totem gisait non loin avec le corps de bois, inanimé de puissance surnaturelle. William n'avait pas l'air au top de sa forme, bien que ça pouvait encore aller : elle n'était pas déchiquetée en deux et avec des morceaux de jambes gisant çà et là. C'était étonnant comme réflexion mais c'était aussi une manière de dédramatisé : en effet, cela n'empêchait pas à la capitaine de connaître une pointe d'inquiétude à la vue de la chasseuse au sol, bien qu'elle ne montra rien du tout.
-Il ne t'a pas loupé à ce que je vois, souffla-t-elle en s'agenouillant, tu penses que ça va aller pour rejoindre le village ? Il ne vaut mieux pas trop rester ici, j'ai vu un flan se balader tout à l'heure, et avec un pouvoir qui est majoritairement physique ce n'est jamais agréable et toujours fatiguant. Puis il va falloir demander les couronne aussi... Et j'aimerai vraiment jeter cette robe je t'avouerai.

Elle laissa échapper un petit soupir de satisfaction, la chasse avait été plutôt bonne, sans trop de dégât mais surtout sans dégât au village. Mais William avait tout de même bien gérée la tactique, la méthode. Et nullement offensée de ne pas diriger, Aska avait même apprécié d'être guidée, conseillée et de suivre une stratégie non élaborée par sa personne. Bien qu'elle aurait sûrement agit de la même manière -et bien qu'avec plus d'Hommes de main elle les aurait envoyer chercher les totems pour rester elle-même s'occuper de divertir la bête-. Non au final la jeune femme avait pris beaucoup de plaisir à cette chasse avec une bonne compagnie, pas un homme désagréable et maccho comme on pouvait en trouver à la pelle dans le monde de la chasse, ni un groupe irrespectueux et désagréable.

William fut bien soulagée en voyant Aska arriver. Même si sa blessure à l'épaule n'était pas mortelle, ni trop grave, c'était instinctivement rassurant d'avoir un allié à côté de soi lorsque le corps était affaibli. Surtout au milieu d'une forêt, en pleine nuit. Elle qui s'était recroquevillée sur elle-même comme un animal souffrant, se sentait un peu plus tranquillisée, chose assez inhabituelle puisque d'ordinaire, la chasseuse préférait ne laisser personne s'approcher de ses plaies, et s'arrangeait pour les soigner elle-même – ce qui pouvait expliquer les nombreuses cicatrices – et avait bien souvent du mal à laisser le médecin faire son travail. Mais Aska avait une présence réconfortante, sa voix calme accrochait les sens de la chasseuse, empêchant son esprit de glisser vers l'état de choc qui, à cause de la perte de sang, aurait fait chuter la température de son corps et l'aurait paralysée pendant un certain temps.
Lorsque la capitaine s'assit à côté d'elle, William attrapa spontanément son poignet comme pour s'assurer une accroche et éviter d'être prise de vertiges. Puis, elle sourit posément, sans laisser la douleur faire grimacer ses dents.

– Il m'a bien eu, en effet ! Mais j'ai connu pire. Je pourrais marcher jusqu'au village, donne moi juste quelques minutes pour rafistoler tout ça. Ah, et ta main aussi, quelques secondes.

Elle eut un soupir amusé lorsque Aska mentionna l'envie de se changer, en effet l'odeur des baies flottait encore dans l'air, c'était le genre d'odeur qui ne voulait pas partir. La chasseuse souleva le poignet qu'elle avait attrapé, tout en sortant quelques compresses de la petite sacoche en cuir qu'elle portait sur sa cuisse. Faisant appuyer la main d'Aska sur son épaule pour maintenir le début du pansement, William serra le bandage autour des plaies, pour retenir la perte de sang et limiter volontairement les mouvements de son bras endommagé. C'était plus du bricolage qu'un véritable soin, mais ça tiendrait, jusqu'à ce qu'elle retrouve sa chère voiture et le vrai matériel de soin qu'elle contenait.

– Si tu as besoin, j'aurais de quoi désinfecter dans ma voiture. Pour ton bras.

Enfin, elle s'aida de cette même main pour se remettre debout, en s'appuyant à la fois sur le rocher et en s'aidant d'Aska. Effectivement, si un flan se baladait dans le coin, mieux valait ne pas s'éterniser, c'était bien le genre d'entité fatigante que William détestait combattre. Elle prit néanmoins plusieurs secondes pour habituer son corps blessé à se trouver debout, pour que son esprit s'ajuste, et qu'elle se mette pas trop à tituber... et bien sur, elle jouait un peu les durs devant la capitaine, pas question de chouiner ou de montrer qu'elle avait tout de même vachement mal. Mais maintenant, elle pensait aussi à la prime qui l'attendait, après tout, c'était toujours un moment agréable lorsqu'elle recevait la récompense de son labeur.
Mais avant de partir, William alla s'approcher de la tête inerte du leshen. D'un violent coup de talon, elle brisa les deux canines du crâne squelettique. La chasseuse ne manqua ensuite pas d'offrir l'une des crocs aiguisé du monstre à sa compagne de traque, avec un sourire satisfait. Et se rappelant que ce geste ne signifiait peut-être pas grand chose aux yeux de la capitaine, la jeune femme expliqua la petite « tradition » à la fin d'une traque réussie.

– Ah, euh... généralement, c'est le chasseur qui a donné le coup final qui garde le trophée. Mais s'il a aimé la chasse, alors c'est partagé. C'est une manière de dire qu'on a apprécié la présence de l'autre. Ça n'arrive pas souvent parce que... enfin, entre chasseurs... on n'a plutôt tendance à se détester cordialement. Chacun a sa manière de faire...

En fait, c'était même moins compliqué qu'avec un chasseur pro. Et puis, William était contente que quelqu'un s'intéresse à tout l'art qu'était la traque de monstres, ce n'était pas quelque chose qu'elle pouvait partager avec beaucoup de monde. Avec personne, en réalité. Pour apporter la preuve, elle prit soin de tirer le portrait du cadavre du monstre à l'aide de son appareil photographique portable. Avec ça, ils ne pourraient pas contester la paye... on ne savait jamais, avec un boulot aussi peu conventionnel tel que celui là.

Reprenant machinalement la direction du village, William hésita quelques instants, avant de se décider à sortir un petit rectangle de carton vierge, et se mit à griffonner dessus sans même s'arrêter de marcher.

– Tiens, mon numéro personnel, si jamais tu as envie d'une autre partie de chasse. Ou de n'importe quoi d'autre.

En disant cela, William pensait surtout à « si jamais tu tombes sur une offre intéressante et que l'armée a besoin d'un coup de main », et ne se rendit pas vraiment compte des sous-entendu qu'on pouvait interpréter avec cette phrase. Et on ne savait jamais, ça pourrait peut-être lui apporter un peu de travail. Après tout, s'il s'agissait de la capitaine, elle avait accès à des informations qui pourraient être utiles, si jamais l'armée avait besoin d'un soutient rémunéré. Effectivement cette proposition n'était pas totalement sans désintéressement, mais les affaires étaient les affaires, et ça n'empêchait pas de les combiner avec quelque chose d'agréable.

Les gestes que lui intimait la chasseuse, elle les connaissait ces gestes de premier secours, si bien qu'il ne lui fallait pas lui dire deux fois qu'elle était déjà toute seule en train d'appuyer, de gérer sa propre force. Elle voyait bien que la blessure n'avait rien de grave, mais toute blessure ne devait pas rester sans soin. Ce fut aussi pour cette raison qu'elle apprécia le geste pour sa main. Mais pour son bras, la balle ayant été retiré cela pouvait attendre son retour à la société. Elle pouvait déjà commencer à le bouger sans trop ressentir de douleur. Elles allaient de toute manière sortir de la forêt, et le danger s'effacerait, disparaissant derrière elles en même temps que les feuilles deviendraient flous, jusqu'à devenir une masse sombre difforme.

-Ahaha, je comprends tellement. Entre caserne c'est le même combat un peu. Nous nous aidons quand il le faut, mais quand tout est calme nous avons une... sacré tendance à voir qui a résolu le plus d'enquête, mis le plus de personne en prison, les vrais criminels hein, on prend pas les gens au hasard... Cela fait un sacré temps que je n'ai jamais perdu, ajouta-t-elle en riant doucement, d'une voix légèrement plus enjouée qu'à l'accoutumé.
Elle accepta, par conséquent, le présent qu'il lui était fait, reconnaissante aussi du fait que sa comparse du soir trouvait que la chasse avec elle fut bonne.
-Mais j'imagine que tu comprends de quoi je parle aussi, entre soldat et chasseur c'est aussi tellement complexe. Au final, dans ces métiers j'ai l'impression qu'on est tous en compétition. J'aime bien la chasse, ça détend, entre trois pyromanes et un meurtrier, les monstres n'essayent pas de t'embrouiller en disant que ce n'est pas lui quand les preuves sont accablantes.

Elle fit jouer le croc entre ses doigts, il était joli, et tranchant surtout. Encore aiguisé. Puis elle suivit William, il fallait aller chercher l'argent maintenant. La capitaine se demandait ce qu'elles gagneraient : la moitié des cinquante couronnes, où ils allaient au final donner cinquante à chacune ? Normalement d'après le contrat c'était cinquante, donc bon. Sur le trajet, William lui fila le numéro de téléphone, avec une phrase qui fit sourire la capitaine, qu'est-ce qu'elle voulait entendre par « N'importe quoi d'autres ».
-N'importe quoi d'autres hein... Tiens, voilà le mien, c'est mon personnel, ne t'inquiète pas d'envoyer des messages ou d'appeler, tu ne tomberas pas sur une personne tiers.

Lorsqu'elles arrivèrent au village, la plupart des lumières étaient éteintes, il était tard, les individus dormaient, quelques-uns restaient devant leur télévision, ou prenait le temps d'une activité. Le village était tout petit, mais il y avait quand même un bâtiment pour la mairie, c'était déjà ça. Aska rentra, et demanda le maire qui devait être rentré chez lui puisqu'il arriva quelques minutes plus tard par la même entrée que les deux femmes qu'il fit rentrer dans son bureau.
-Vous avez fait le travail, demanda-t-il un peu bourru du fait qu'on venait le tirer de sa maison.
-Bien entendu, doutez-vous de nous monsieur, rétorqua au tac au tac la capitaine de sa voix douce.
Il bafouilla un non, et regarda le téléphone que lui montrait la chasseuse, convaincu de la mort de la bête. Il laissa échapper un soupir de soulagement tandis qu'il ouvrit les tiroirs, sortant l'argent qu'il avait préparé. Deux bourses en toile se firent poser sur le bureau, Aska s'empara de l'une d'elle, vérifiant bien l'argent. Les cinquante étaient bien là.

-Bon, cette chasse est désormais bel et bien terminé je suppose. Je vais rentrer à Cylnaes maintenant. Au revoir monsieur le maire, William, au plaisir de vous revoir sur une autre chasse.
Puis, laissant là les deux êtres humains, Aska s'en alla, non sans sourire plus doucement à sa compagne du soir. Cylnaes n'était pas très loin, et elle avait tout de même pris sa voiture, ne voulant pas déranger Torn à cette heure-ci.